Flatlight : des “métasurfaces” pour les yeux des robots

Créée en février par une équipe de recherche du CRHEA (Centre de Recherche sur l’Hétéro-Epitaxie et ses Applications) à Sophia Antipolis, la startup Flatlight s’attaque à un marché énorme : celui de la vision des robots. A partir de ses travaux sur les “métasurfaces”, elle développe de nouveaux systèmes LIDAR (Light Detection And Ranging) plus performants, plus rapides et moins fragiles. Considérés comme les yeux des robots, les LIDAR se présentent aujourd’hui comme un élément clé de l’autonomie. D’où l’enjeu de Flatlight.

“Les LIDAR actuels sont basés sur des systèmes mécaniques (80% du marché)”, explique le Dr Renato Juliano Martins, CEO. “A base de nanotechnologies, les métasurfaces sur lesquelles nous travaillons ouvrent une nouvelle façon de contrôler la lumière sans avoir recours à des miroirs qui bougent.” Avec le professeur Patrice Genevet, un pionnier des métasurfaces, le Dr Christina Kyrou et Emil Marinov, il a contribué à créer cette nouvelle technologie. Il compte maintenant la développer et la mettre sur le marché d’ici 3 ans en suivant une stratégie fabless.

“Nous cherchons à nouer des partenariats dans le secteur de l’automotive avec des entreprises comme Valeo”, poursuit le CEO. “Mais notre système s’adresse aussi au marché des entrepôts, des drones et des robots industriels. Ce que nous attendons de l’incubateur ? Qu’il nous aide à développer le Business Plan, qu’il nous apporte un support sur la partie business, nous accompagne pour le financement et la mise sur le marché.”

 

SMV STOÏC : un navire futuriste taillé pour la maintenance des fermes éoliennes offshore

Le projet de navire SMV (Stabilised Modular Vessel) STOÏC d’Astraea Marine s’inscrit dans l’énorme vague montante de l’éolien offshore avec la création de méga fermes d’éoliennes au large des côtes. Mais ce que visent Martin Oudot et Olivier Gassend, ce n’est pas de construire des éoliennes, ni de réaliser des plateformes pour les porter. Leur objectif est de créer un navire décarboné, économe, stable et agile afin d’assurer la maintenance de ces fermes du nouveau siècle. Tous deux passionnés de la mer et forts de plus de vingt ans d’expérience respective dans différents secteurs industriels, ils ont imaginé un concept totalement novateur de plateforme navigante à stabilité active destinée à assurer des missions de maintenance dans des conditions opérationnelles optimales pendant plusieurs semaines en toute autonomie.

 

Outre le concept, l’innovation réside également dans la conception modulaire de la plateforme qui, tel un jeu de Lego, peut être configurée pour s’adapter au profil de chaque mission. Ajoutons que la plateforme peut aussi ajuster en temps réel sa hauteur pour s’adapter à toute configuration de boat-landing et permettre aux équipes de techniciens d’installation et de maintenance d’accéder à l’éolienne et de manutentionner des charges depuis ou vers l’éolienne en toute sécurité, quelles que soient les conditions météorologiques. C’est tout le pari d’ASTRAEA Marine qui a rejoint le Pôle Mer Méditerranée avec l’objectif (réussi) de faire labelliser leur projet.

 

STOÏC en est aujourd’hui à la réalisation d’un premier démonstrateur au 1/20éme (2,7 mètres de longueur), un prototype fonctionnel équipé de toute l’électronique de stabilisation pour valider sa technologie par des essais en bassin de houle. L’étape suivante mènera à la réalisation d’un second démonstrateur plus grand (d’une dizaine de mètres), qui pourra être commercialisé pour opérer des missions autonomes. Ce qui nécessitera une levée de fonds envisagée l’an prochain. L’objectif est de rallier ensuite dans un consortium un armateur et un énergéticien pour porter le projet jusqu’à la construction et la commercialisation des premiers navires SMV dans 3 à 4 ans. ASTRAEA Marine a entamé des collaborations avec les Laboratoires MIO (Institut méditerranée d’Océanologie) à Toulon et l’Irphré (CNRS) Aix-Marseille. Martin Oudot attend principalement de l’incubateur un accompagnement pour la structuration de la société et pour la recherche de financements.

 

Kheops : un super assistant IA pour les PME

Permettre aux PME de bénéficier, elles aussi, des formidables gains de productivité qu’apportent les IA génératives (IA Gen) : c’est l’ambition de Kheops. Les deux fondateurs, Nadia Khedrougui et Thierry Hazan, ont développé une plateforme SaaS d’IA Gen souveraine qui vient s’intégrer aux données de l’entreprise. Une solution innovante qui utilise l’Intelligence Artificielle générative pour optimiser la création et la gestion de tous types de contenus.

Dans l’administration, les secteurs tertiaires, juridiques, RH ou marketing, il est estimé que 50 % du temps de travail est consacré à la recherche et à la production de documents. Le pourcentage monte à 60% pour les tâches à faible valeur ajoutée de certains collaborateurs métiers, ou supports clients. Avec sa plateforme IA et ses Agents IA autonomes, Kheops propose l’aide d’un “super assistant IA” qui optimise les processus (valorisation, recherche et production de tous documents, mails, courriers, contrats, devis, plaquettes commerciales, …) et assiste les collaborateurs dans leurs tâches répétitives à faible valeur ajoutée. De sérieux gains de temps.

La startup, installée au Hub de l’innovation à Nice, est en marche. Elle développe des cas d’usage dans l’immobilier (partie marketing et support client), dans un organisme public, chez un grossiste de produits agricoles, dans un groupe média spécialisé immobilier. Sa force est de forger un lien entre l’IA de pointe et les exigences opérationnelles des entreprises avec la volonté de développer son propre modèle à partir d’un LLM open source adapté à la langue, à la culture et au juridique français. Kheops travaille notamment avec l’Inria pour améliorer le modèle et récupérer le maximum de données dans leurs différents formats. Ce qu’elle attend de l’incubation ? Une vision du marché et de l’écosystème, un soutien dans l’acquisition de compétences et une optimisation du travail avec la recherche.

 

UncovAI : votre contenu est-il créé par un humain ou par une GenAI ?

Ce n’est plus de la science-fiction. A la lecture d’un texte, à la vue d’une image ou à l’écoute d’une musique, nous serons de plus en plus enclins à nous poser la question  : est-ce un humain ou une IA qui en est à l’origine ? UncovAI se propose d’y répondre. Cette plateforme se charge de détecter les contenus générés par l’IA. Avec une innovation qui limite l’empreinte carbone : au lieu de s’appuyer sur des modèles de Deep Learning gourmands en ressources, la startup utilise des hypothèses mathématiques qui permettent de distinguer efficacement les contenus générés par l’IA de ceux rédigés par des humains en y ajoutant même des degrés d’intervention des GenAI (IA générative).

L’aventure a commencé à la rentrée 2023. De retour en France après une année aux Etats-Unis où il a travaillé au sein d’une startup sur la désinformation en temps de Covid, Florian Barbaro, PhD, data scientist, a décidé de développer sa propre solution. “Selon une étude, d’ici 2025, 10 % de toutes les données auront été générées à l’aide de modèles génératifs” souligne-t-il. “Il sera donc crucial de distinguer l’origine des données, qu’elles soient d’origine humaine ou générées par l’IA. C’est important pour les questions de copyright, de labellisation de documents, de crédibilité. Nous pouvons aussi être utiles dans de nombreux cas d’utilisation, tels que l’éducation, le recrutement, les réseaux sociaux, le journalisme et bien plus encore.”

Présenté en janvier au CES de Las Vegas, son modèle de détection s’adresse au citoyen, mais avant tout, aux marchés B2B et B2G (Business to Government). UncovAI, qui vient d’entrer au Village by CA de Sophia (4 personnes) compte aussi ajouter à la détection de textes et d’images, l’audio, la vidéo et le code informatique. Ce qui est attendu de l’incubation ? Une aide et des conseils pour assurer une base solide juridique de la société ainsi qu’une mise en relation avec l’écosystème dont l’Université et la recherche.

 

Somanity : fabrication 3D et IA pour une nouvelle génération d’exosquelettes

Il n’est plus forcément nécessaire de présenter Somanity. Fondée par Mathieu Merian, jeune et déjà serial entrepreneur, la startup s’est largement fait connaître à travers de nombreux prix, distinctions et reconnaissances (derniers en date, le prix COTE Innov’ et une labellisation deeptech). Lancée en 2021, en mode projet avec SKEMA Ventures, son ambition a séduit : remplacer le fauteuil roulant électrique par un exosquelette permettant à toute personne victime d’un handicap moteur de marcher, courir, monter les escaliers et cela à un coût abordable (à partir de 10.000€ contre un prix aujourd’hui de l’ordre de 250.000€ pour ce type d’appareil). Les développements du prototype, qui combinent modélisation et fabrication 3D avec intelligence artificielle, ont confirmé.

Créée en août 2023 et installée au Business Pôle de Sophia Antipolis, Somanity a pu monter une équipe multidisciplinaire (une dizaine de personnes). Si elle adresse également le spatial et la défense, ses efforts portent actuellement sur le médical et sur la fonction rééducation de son exosquelette. C’est ce qu’elle présentera fin mai au prochain VivaTech.

“Nous attaquons en premier le secteur de la rééducation car faire marcher les personnes en autonomie ne tient pas de la même classe médicale,” note Mathieu Merian. “Nous comptons aussi commercialiser dès 2025 les premiers exosquelettes pour la rééducation. Pour le handicap, les démarches étant plus longues, l’objectif est de lancer la commercialisation à l’horizon 2027-2028. Pour atteindre ces objectifs, nous comptons faire une première levée de fonds de l’ordre de 3 M€ au cours de l’année 2025”.

Ce qui est attendu de l’incubateur ? En premier lieu étoffer les liens avec la recherche publique. “Nous sommes actuellement en discussion avec Inria et avec le LAHMESS (Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé) d’UCA et nous souhaitons multiplier les liens avec la recherche” souligne Mathieu Merian.

 

InnoFenso : des solutions de biocontrôle pour chaque filière agricole

Facile de dire aux agriculteurs de bannir toute utilisation de pesticides. Mais plus difficile de mettre à leur disposition d’autres moyens pour lutter efficacement contre les ravageurs de culture. InnoFenso relève ce challenge en exploitant la diversité d’insectes utiles, les trichogrammes, et développe des solutions de biocontrôle efficaces contre de multiples Lépidoptères ravageurs. Le concept du biocontrôle, certes, n’est pas nouveau ; l’utilisation des coccinelles contre les pucerons en donne un exemple. Mais pour Christophe Vasseur, cofondateur avec Nicolas Ris, chercheur à INRAe, et CEO, (auparavant cofondateur d’inalve), ce concept reste largement sous-exploité.

 

« InnoFenso se positionne sur des filières à forte exigence environnementale où les pesticides sont interdits par la réglementation ou en passe de l’être et dépourvues de solutions techniques » explique-t-il. « Grâce à une technologie protégée issue de dix ans de recherche en génétique à l’Inrae, nous exploitons la diversité naturelle des Trichogrammes, et développons des cocktails d’insectes pour des usages innovants permettant à l’agriculteur de lâcher au champ la diversité d’insectes spécifique efficaces face aux ravageurs et adaptée quels que soit les conditions pédoclimatiques. Le tout pour une culture sans perte.

 

L’avantage de cette technologie est d’intervenir très tôt dans le cycle de développement du ravageur. Les trichogrammes vont pondre dans les œufs des ravageurs, s’en nourrir et empêcher leur émergence. Différentes espèces de trichogrammes (une soixantaine en Europe) peuvent ainsi être utilisées suivant les prédateurs. Une solution est déjà opérationnelle et des essais sont planifiés avec des agriculteurs partenaires sur les champs de lavande des Alpes de Haute-Provence durement impactés par les lépidoptères ravageurs à l’été 2023. Deux autres filières seront testées en 2024 et 2025.

 

InnoFenso compte disposer à 5 ans de 5 produits prêts pour cinq filières agricoles différentes. De l’incubateur, la startup attend une aide dans plusieurs domaines : la création de partenariats avec les filières afin de trouver la formulation des produits qui convient le mieux, le déploiement commercial et, à la fin de l’été, la recherche des premiers investisseurs.

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