Spirulines Productions : démocratiser par la gastronomie « l’aliment le plus complet sur terre »
La spiruline de la « fourche à la fourchette » : c’est en résumé le projet que mène Michel Couderc, ingénieur agronome, avec Spirulines Productions. La spiruline est une micro-algue qui, via une photosynthèse très efficace, produit beaucoup de protéines avec peu de surface et de consommation d’eau, en fixant du carbone. Pour ses propriétés nutritives excellentes, l’ONU et l’OMS la qualifie carrément « d‘aliment d’avenir », « d’aliment le plus complet présent naturellement sur terre ».
Elle est déjà cultivée en France. Mais la production française est chère, avec des formes sèches, cantonnées aux compléments alimentaires et aux extraits. Spirulines Productions, qui se présente comme une entreprise agricole, apporte deux innovations. La première tient dans une levée des verrous technologiques de culture, de récolte de crème fraîche en continu et de procédés de la filière Spiruline française. La seconde dans la transformation en utilisant la Crème de Spiruline fraîche comme base pour des recettes gourmandes, nutritives, économiques et écologiques.
Créée en juin 2021, la société a déjà monté un site pilote à La Farlède (6.000 m2) pour roder le modèle et compte engager la production et la commercialisation d’ici la fin de l’année en B2B pour la matière première et en B2C pour les compléments alimentaires et les produits de gastronomie. De la fourche à la fourchette. https://www.spirulinesproductions.fr/
Scanlitt : la puissance de la bibliométrie à la portée de tous
La bibliométrie, qui est une des branches des sciences de l’information, ouvre une voie royale pour accéder à l’état de l’art de la recherche et, plus largement, de la connaissance mondiales. Mais comme toute science, elle n’est pas facile à maîtriser. L’objectif de Scanlitt, fondée par une spécialiste de bibliométrie, Isabelle Walsh, Professeur distinguée émérite à Skema Business School, et Alexandre Renaud, professeur associé à l’EM Normandie, est donc de mettre la puissance de cette science à la disposition d’usagers (étudiants, professeurs, médecins, consultants) qui, pour une recherche pointue, ont besoin de scanner toute la littérature scientifique disponible, et cartographier un sujet rapidement, sans être le moins du monde spécialistes de bibliométrie.
Fruit de 12 années de recherche, le projet est né en quelque sorte de la crise sanitaire, quand il a fallu, très vite, retrouver ce qui existait déjà dans la littérature scientifique sur ce virus qui surgissait. Quand la Covid a commencé à submerger les hôpitaux début 2020, Isabelle Walsh a mis à disposition des médecins ses algorithmes pour les aider à identifier les textes les plus pertinents sur le virus et les possibles traitements, et prioriser leurs lectures, sans qu’ils soient noyés dans la multiplicité de publications disponibles au fil des mois. En mars 2020, à peine 400 articles scientifiques sur le sujet avaient été publiés, mais en mai 2020 il y en avait déjà 4.000. Aujourd’hui, deux ans plus tard, il y en a près de 340.000 !
Pour ce type de recherches très spécifiques, il existe certes des outils (Google Scholar, CiteseerX…), mais qui prennent des approches très différentes et avec des buts différents, donc beaucoup moins performants pour qui cherche un guide dans la multiplicité des textes disponibles. Mais l’expérience Covid et l’intérêt suscité ont montré que les algorithmes utilisés pouvaient rendre de grands services dans le domaine de la médecine, dans celui du management, ainsi que dans de multiples autres champs scientifiques.
D’où le projet Scanlitt. Il se concrétisera fin août par la création de la société et par le lancement d’une web application fin 2022, début 2023. A partir d’un smartphone ou d’un ordinateur, la recherche pointue dans l’infini des publications scientifiques sera accessible à partir de quelques clics. Sans avoir à passer par des années de formation à la science bibliométrique…
Insectae : un système high tech et vertueux de détection d’insectes ravageurs
Comment réduire drastiquement l’usage des produits sanitaires en agriculture et faire face à une émergence sans précédent des insectes ravageurs ? C’est à cette question que s’est attelé Jérôme Jacques, un ingénieur issu du spatial et du nucléaire, passionné par le monde agricole. Baptisé Insectae, son projet est d’apporter un outil fiable permettant de détecter et identifier de façon préventive et non-destructive ces ravageurs.
Il s’agit d’un système automatisé de détection d’insectes ravageurs pour les champs, vignobles, serres, forêts …. Couplé à une station d’environnement, cette solution utilise l’IoT (Internet des Objets) et l’IA (Intelligence Artificielle), pour accompagner les agriculteurs dans la gestion sanitaire de leurs cultures, dans une démarche agroécologique. A travers une application web et/ou GSM (SMS), ces derniers disposent d’une information cohérente géolocalisée de la pression des populations d’insectes ravageurs, basée sur les remontées des pièges installés.
Développée par Jérôme Jacques, en collaboration avec plusieurs partenaires académiques (INRAe, AgroParisTech, INRIA et 3IA Côte d’Azur) la solution joue à fond la technologie. Elle utilise des pièges (chromatique, à phéromones, …) pour attirer les ravageurs qui peuvent alors être détectés par un réseau varié de capteurs (caméra haute résolution RGB avec « vision learning », détection de la signature acoustique, capteurs multi-spectraux…). Les mesures réalisées sont ensuite analysées par des réseaux neuronaux embarqués dans la plateforme de détection. Dans un second temps, au-delà du curatif, Insectea compte passer au prédictif avec des alertes pour agir en urgence sur les zones infestées et la proposition d’un parcours optimum. Un système efficace et vertueux qui lui a déjà valu 3 prix que sont AgreenTech Valley, SophIA Masters (dont le nouveau nom est maintenant SophI.A Awards) et le HackATech de l’INRIA en 2021 .
WiseFins : un logiciel de performance environnementale et financière pour la restauration
Startup à impact de l’économie sociale et solidaire basée à Nice, WiseFins a développé le premier logiciel de Business Intelligence alliant finance et environnement pour le secteur de la restauration. L’objectif est de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en transformant le monde de l’hôtellerie-restauration en secteur résilient, respectueux de la planète et cela tout en réduisant les coûts. Lancé initialement pour des grands hôtels qui disposent de multiples restaurants (le premier client est à Singapour) le logiciel permet, en temps réel, une compréhension précise des performances financières et environnementales de l’ensemble des restaurants.
Comment ? WiseFins connecte et collecte automatiquement les données de tous les logiciels existant dans l’établissement (caisse, inventaire, RH, achat, etc…). Côté environnement, le logiciel permet de comprendre la viabilité environnementale des menus proposés (certains aliments présentent de mauvais impacts environnementaux) et de mesurer les résultats des efforts de réduction d’empreinte environnementale. Côté financier, le logiciel apporte des indicateurs de performance financière en temps réel, permet de comprendre la viabilité financière des menus proposés et d’améliorer l’offre de produit.
Fondée grâce à l’engagement écologique de deux professionnels de l’hôtellerie-restauration et d’un expert du développement logiciel et architecture de données (Jérôme Caillet, Jérôme Pagnier et Pierre-Yves Lablanche) cette entreprise à mission a derrière elle une année de R&D. WiseFins compte maintenant commercialiser en béta test son logiciel d’ici la fin 2022 à l’usage des chaînes et des groupes d’hôtellerie-restauration. Des offres seront lancées ensuite en 2023 à l’usage des indépendants. https://wisefins.com/fr/
Virtu Therapeutix : une nouvelle molécule contre le cancer du cerveau
Le projet mené par deux chercheurs hors pair de l’Institut de Biologie de Valrose à Nice, Thierry Virolle et Laurent Turchi, alliés à deux spécialistes de l’industrie de la santé, Patrice Cornillon et Lionel Menou, est au long cours. Comme chaque fois dans le domaine du médicament, le parcours s’envisage sur au moins une dizaine d’années avant la mise sur le marché. Il s’agit ici de mettre au point une nouvelle stratégie thérapeutique pour combattre le glioblastome, un cancer du cerveau redoutable. Cette approche permet de faire changer d’état les cellules souches cancéreuses, qui sont responsables des récidives systématiques de ce cancer mortel, en les transformant en cellules tumorales indolentes et sensibles à la chimiothérapie.
Scientifiquement, les recherches ont démarré en 2014 et ont bénéficié d’un programme de maturation de la SATT Sud-Est. L’équipe dispose maintenant d’une molécule « lead » à l’efficacité démontrée sur la souris. La société, elle, reste à créer. Les quatre fondateurs attendent aussi de l’incubation une assistance pour monter leur startup, valoriser sa propriété intellectuelle, disposer d’un soutien juridique et monter des dossiers de financements. La feuille de route ? Finalisation du PoC (Preuve de concept) sur la souris cette année ; étude pré-clinique en 2023 ; phase 1 avec poursuite des études sur l’homme à partir de 2024 pour arriver à une mise sur le marché à l’horizon 2032. Du long cours.
Legapass : un « coffre-fort » pour votre patrimoine numérique
Dans un monde de plus en plus virtuel, la partie numérique de nos patrimoines devient tout naturellement de plus en plus importante et représente une réelle valeur qu’il faut pouvoir sécuriser et transmettre à ses héritiers. Ce sont toutes ces photos, vidéos, textes qui résument des vies vécues et ont avant tout une valeur sentimentale, mais aussi tous ces codes d’accès, documents administratifs en tous genres, crypto-monnaies, crypto-actifs qui peuvent avoir une valeur financière considérable. Au total, un véritable patrimoine qui, lui aussi, doit pouvoir être conservé au fil des ans et transmis à qui de droit quand son propriétaire disparaît.
C’est ce que propose Legapass, fondée en 2021 par trois spécialistes de la cybersécurité : Jean-Charles Chemin, Eric Maïda et Adelina Prokhorova. Leur « coffre-fort numérique » permet de sécuriser et transmettre ce patrimoine numérique. Les atouts-maîtres du projet ? Pour le volet conservation, une sécurité de niveau « militaire » avec la mise au point d’un processus automatique d’archivage hors ligne pour être à l’abri des pires hackers. Sur le volet transmission, un processus innovant de restitution des données avec comme tiers de confiance un Huissier de Justice dont le rôle est de conserver et de distribuer les clés de déchiffrement.
La startup, qui avait obtenu en décembre dernier la subvention French Tech de 30.000 euros accordée par Bpifrance, a déjà lancé sur le marché fin avril 2022 son « coffre-fort numérique ». L’incubation doit accélérer cette mise sur le marché, aider à une levée de fonds envisagée en fin d’année pour le développement au national et faciliter une coordination avec le monde de la recherche pour rester au sommet de l’état de l’art en matière de cryptographie. Les collaborateurs (8 aujourd’hui, 11 bientôt) qui jusqu’à présent télétravaillent vont s’installer au CEEI de Nice. La sortie de ce fameux « garage » des startups. https://legapass.com/
In Situ Systems : la première solution de gestion de l’eau « Plug & Play »
In Situ Systems, avec Pierre Collomb, Joseph Neyrand, Pauline Brottier et Jean-François Guillet-Lhermite, veut faire rentrer la gestion de l’eau dans l’ère numérique à partir de l’Internet des Objets. Fondée mi- 2021, l’entreprise a développé et fabriqué une solution de supervision à l’usage des collectivités et dédiée à différentes applications de gestion de l’eau : niveau des réservoirs et châteaux d’eau ; surveillance des réserves des forages ; supervision des postes de relevage ; monitoring des points de surverse ; supervision des postes de surpression.
La société va prochainement engager la commercialisation d’une gamme de produit complète, matériel (transmetteurs, capteurs…) et logiciels permettant de gérer à distance plusieurs ouvrages sous un mode « plug & play ». Le principe ? A partir d’un tableau de bord, le client a une vue complète de son réseau et peut ainsi le piloter efficacement. Particulièrement utile par exemple pour celui qui gère une centaine de forages, de connaître en temps réel le niveau de chaque nappe et ne pas avoir à se rendre sur place pour vérifier.
Pour rendre les installations de gestion d’eau toujours plus communicantes, In Situ Systems continue à travailler avec le réseau d’école ISEN Yncréa pour l’expertise IoT et avec le LEAT de Sophia Antipolis pour la partie radio-communication. La période d’incubation doit lui permettre de valider ses choix, de structurer la société et d’attaquer d’autres marchés comme celui des particuliers et des indépendants qui ont des installations de gestion d’eau à maintenir. https://www.insitu-systems.fr/
Trois nouvelles préincubations :
Outre les sept nouveaux projets entrés en incubation depuis le début de l’année, trois projets ont été retenus en pré-incubation. Deux d’entre eux touchent au domaine de la santé, le troisième à la chasse.
Nveiled : système de prévention des incidents et accidents de chasse associant objets connectés et géolocalisation fine.
Kidtera optimise le parcours de soins des enfants présentant un trouble du neurodéveloppement (TND). Kidtera aide les professionnels de santé et les parents à mieux piloter le parcours de soins des enfants présentant un trouble du neurodéveloppement. Le projet s’appuie sur l’analyse de données multifactorielles et la conception d’outils de prédiction. Il vise à optimiser le repérage et la connaissance patient, à faire gagner du temps aux professionnels de santé et à rendre le pronostic et la prise en charge encore plus efficients.
New Protein Binders. Le projet consiste à développer de petites protéines d’affinité pour des cibles de biomolécules, de la découverte de novo à la production via une nouvelle méthode rapide qui combine la puissance de l’analyse informatique intelligence artificielle (IA) et des expériences en laboratoire.